extrait de : Commission des arts et monuments de la Charente-Inférieure. Recueil de la Commission. 1895-96.
L'inscription en question utilise le codage continental ou français.
Au mois d'août dernier (1895), l'on découvrait dans les fondations d'une maison sise au coin de la place du Château à Marans, une pierre sur laquelle se lit une inscription en caractères maçonniques et que nous reproduisons au dixième de sa grandeur réelle:
La date de 5783 est calculée d'après l'ère maçonnique, c'est-à-dire l'année de l'ère chrétienne, 1783, augmentée des 4000 ans adoptés pour la création du monde avant J.-C.
A cette date de 1783, l'abbé Chartier était effectivement vicaire de la paroisse d'Andilly près de La Rochelle.
Nous devons la connaissance de cette inscription à l'obligeance de M. Fleury, pharmacien de première classe à Marans, qui a bien voulu faire des recherches sur les circonstances qui ont pu donner lieu à la pose de cette première pierre.
D'après les renseignements fournis par M. Fleury, un sieur Julien Chartier et Françoise Claveau, sa femme, devenaient acquéreurs du marquis d'Aligre, seigneur de Marans (Aligre), par acte de Me Guillet, notaire à Marans, en date du 30 octobre 1781, d'un petit terrain faisant autrefois partie de l'ancien château. Un autre acte, reçu Dinot, notaire à Marans, le 3 janvier 1830, passé par Eugénie-Agathe-Julienne Chartier, femme de Jean-Etienne Portehault, bourrelier, et fille des époux Julien Chartier, constate que ces derniers avaient, pendant leur mariage, construit une maison sur le terrain acquis du marquis d'Aligre. Il s'agit évidemment de la maison dont la première pierre fut posée en 1783.
C'est probablement comme parent de Julien Chartier, que le vicaire d'Andilly fut appelé à poser la première pierre de la maison.
On ne doit pas être surpris de voir un vicaire monumenter cette petite cérémonie en caractères maçonniques. Beaucoup de nobles, d'ecclésiastiques et de religieux faisaient alors partie do la franc-maçonnerie, dont le caractère était, en ce temps, beaucoup plus humanitaire et philanthropique que sectaire. I1 suffit pour s'en convaincre de se reporter aux différents mémoires historiques écrits sur cette institution, et notamment, pour La Rochelle, aux brochures intitulées : L∴ l'union parfaite et l'O∴ de La Rochelle. Résumé de l'historique de cet atel ∴ — La Rochelle, Siret, 1854, in-8°; et Allocution prononcée par le F∴ A. Rivaille, vén∴ hon∴ de la L∴ l'Union parfaite, etc. au convent du mois de septembre 1881. — La Rochelle, imp. Siret, 1882, in-8°.
À l'occasion de cette découverte, nous croyons devoir complimenter de sa sagacité M. Guyonneau, ancien aide-médecin de la marine, qui, par simple induction, a su retrouver l'alphabet et l'interprétation de l'inscription.
La pierre retrouvée à Marans porte sur sa face inférieure une autre inscription, en capitales romaines, et évidemment bicéphale, dont l'interprétation nous échappe.
On y lit : IANNAI.
G. M.